Témoignage de Fanny

Après avoir terminé mes études de psychomotricité, j’ai décidé de partir faire un volontariat aux crèches d’octobre à décembre 2019. Il s’agissait de mon troisième séjour à Arequipa.

Fanny à la crèche

J’ai donc passé 2 mois et demi à la crèche de Llosa qui accueille des enfants de 1 à 5 ans. Cette expérience a été riche avec des hauts mais aussi des bas. Je me suis beaucoup remise en question pendant à peu près tout le temps de ma mission là-bas. Ce que j’aurai appris le plus durant ce volontariat est de savoir m’adapter. Adaptation est vraiment le mot qui résume le mieux mon expérience.

J’ai pris le temps d’observer au début afin de pouvoir mieux déterminer en quoi je pourrai être utile. Ensuite, j’ai tenté d’organiser avec Léa, volontaire à la crèche sur la même période, des séances pour les enfants les plus en difficulté. Nous avons alors eu à faire face au manque d’espace, indispensable au déroulement des séances, mais très limité dans cette crèche. Limité aussi par l’organisation floue et aléatoire des différentes salles. Plusieurs fois les séances n’ont simplement pas pu avoir lieu, ou alors nous étions interrompues par des allées et venues du personnel voir de classes entières. Il m’a alors été compliqué de réussir à trouver ma place, j’ai vite compris que l’idée de faire des séances de psychomotricité correctes allait être illusoire. Pourtant, le besoin est réel pour certains enfants et le personnel accueillait avec grand intérêt cette proposition de séances.

Sur mon temps de présence à la crèche, je passais aussi du temps dans les classes pour aider les professeurs et être avec les enfants. C’est ce temps qui j’ai par la suite choisi d’investir au maximum. Sur ce temps, j’arrivais à me sentir utile et à apporter quelque chose aux enfants et au personnel, une présence, une écoute et une attitude différente. Je pense que c’est là qu’a été le point essentiel de ma mission. Les professeurs ont leur rôle de professeurs, alors qu’en tant que volontaire il est vraiment possible d’apporter quelque chose simplement en restant soi-même. S’intégrer au fonctionnement de la crèche sans chercher à imiter certains comportements qui ne seraient pas en accord avec notre manière d’agir. Quand la communication est compliquée et que les projets ne peuvent pas se mettre en place, cela m’a semblé être la seule chose à mettre en avant : profiter de ce temps à la crèche et apporter une énergie positive. Avant d’en arriver à cette conclusion, j’ai eu un moment ou j’avais l’impression de déranger avec mes histoires de salles que j’essayais de pouvoir occuper pour faire des séances. Alors qu’à la base mon but était d’aider sincèrement la crèche.

En arrivant à la crèche, il y a des différences culturelles évidentes dans les manières de faire avec parfois des belles surprises. Cependant, c’est parfois moins positif comme la télé chez les jeunes enfants voir chez les bébés, ou les temps de repas qui souvent se résument (dans certaines classes) à tenter de faire ingérer aux enfants le maximum de nourriture possible le plus rapidement possible, le tout dans le bruit et l’agitation. Ce genre de moment souligne l’intérêt de rester soi même en accord avec nos manières de faire. Je n’ai jamais accepté de forcer un enfant à manger ni à rester assis à table, même si les professeurs me le demandaient. J’étais cependant présente et accompagnait certains enfants en respectant leur rythme et leurs besoins.

Nous étions 5 volontaires sur la même période, 2 à Llosa et 3 à Lara et nous avons chacune vécu une expérience différente. A Lara, une autre psychomotricienne était présente et a pu profiter d’un espace offrant bien plus de possibilités pour travailler. Malgré les difficultés que j’ai rencontrées j’en retiens une expérience intéressante et j’ai pris beaucoup de plaisir à être avec les enfants qui sont très attachants.